Devoirs accompagnés
Confiance, patience, compréhension et encouragement
Le service des devoirs accompagnés de la commune de Tramelan, un genre de courte échelle irremplaçable, porté par trois employées très motivées
16 h 15, lundi, dans une salle de classe de La Printanière. Une ambiance feutrée, calme, sérieuse mais très souriante aussi. Quelques enfants sont assis, plongés dans un cahier, un livre, un exercice. Entre eux circulent deux employées qui s’assoient à leurs côtés, expliquent, corrigent, questionnent, encouragent.
Soutien individuel
Créé en 2008 après quelques essais, le service des devoirs accompagnés répond à un besoin constaté sur le terrain scolaire : privés d’un suivi à domicile, pour diverses raisons souvent complètement indépendantes de la volonté parentale, certains enfants arrivent en classe sans avoir touché à leurs devoirs. Avec à la clé un sérieux risque de décrochement scolaire.
Attention : on ne confondra pas ce service avec les devoirs surveillés intégrés à l’Ecole à journée continue. Dans le cadre de l’EJC, seuls sont offerts un local calme et adapté, ainsi qu’une surveillance adulte. Le service des devoirs accompagnés assure pour sa part un soutien individuel, avec explications, aide et contrôle bienveillant de l’apprentissage.
Municipal depuis deux ans
Géré préalablement par l’EJC, le service des devoirs accompagnés est passé en 2019 sous l’égide de la Municipalité ; cette dernière en assure la gestion financière, les trois employées appartenant donc au personnel communal.
Les horaires sont par contre établis par la direction de l’école primaire, en fonction des programmes scolaires et des besoins.
Depuis que le PER (Plan d’études romand) a induit une diminution du volume de devoirs à domicile, le service fonctionne deux jours par semaine, à savoir les lundi et mardi de 15 h 15 à 17 h.
Les écoliers primaires intéressés s’y inscrivent pour un semestre entier, à raison d’une ou deux sessions hebdomadaires. Ils sont actuellement 16 à fréquenter les devoirs accompagnés.
Un trio enthousiaste
Responsable du service, Myriam Houriet y travaille depuis sa création, avec pour collègues Nicole Landry depuis quatre ans et Isabelle Letouzey depuis sept ans. Possédant toutes les trois une expérience en tant qu’auxiliaire de classe en 1H, ainsi que des années de devoirs avec leurs propres enfants pour les deux premières, des remplacements à l’école primaire depuis belle lurette pour la troisième, ce trio maîtrise parfaitement le sujet.
Mais davantage encore que sur leur expérience, le succès des devoirs accompagnés s’appuie sur la motivation et l’enthousiasme intacts de ces trois personnes, habitées par le plaisir d’aider les élèves. « Nous nous sentons véritablement utiles », soulignent-elles de concert, en saluant la reconnaissance que leur accordent la Commune et l’école, direction et enseignants confondus.
En osmose avec l’école
Le service est abrité par le collège de La Printanière, dans une classe mise à disposition par l’établissement. « Travailler à l’école, c’est un privilège très apprécié, qui offre l’opportunité d’échanges constants avec les enseignants. »
Ces échanges permettent d’une part de cerner exactement les difficultés sur lesquelles butent les enfants et donc de résoudre ces problèmes ; d’autre part, ils garantissent que même en appliquant une approche très différente, les employées des devoirs accompagnés suivent exactement la même ligne que les enseignants. Grâce au retour de ces derniers, elles adaptent par ailleurs leurs exigences personnelles à chaque enfant.
Math et allemand…
Leur accompagnement, les trois employées le juge particulièrement crucial en allemand, où la plupart des écoliers manquent de motivation, et plus encore en mathématiques, où il ne s’agit pas seulement d’apprendre, mais surtout de comprendre. « Lorsqu’un enfant franchit une étape, qu’il dépasse un blocage, nous partageons de délectables moments de satisfaction commune. »
Un cadre ressourçant et bienveillant
Les principales richesses assurant l’efficacité des devoirs accompagnés ? La patience, l’inventivité et l’empathie des employées, lesquelles offrent aux écoliers un autre regard et d’autres entrées dans la matière. Même avec les élèves qui se braquent au départ et refusent parfois de s’asseoir, une relation de confiance s’établit grâce à un rôle bien défini : « De notre part, ils ne reçoivent jamais ni note, ni mesure de leur travail, mais uniquement des encouragements. Nous les aidons à apprendre, à progresser, sans jamais les juger. Ils trouvent ici une aide individuelle, nous cherchons une réponse à chacune de leurs difficultés, dans un climat de concentration et d’émulation. Sans concurrence, ils s’entraînent les uns les autres à travailler. »
De surcroît, alors que les enseignants changent, l’équipe des devoirs surveillés traverse les années, assurant une continuité affective précieuse pour certains élèves en difficulté scolaire. |
Des réussites très gratifiantes
De beaux souvenirs, le trio des devoirs accompagnés en amasse continuellement. Parmi les plus marquants, cette belle rencontre avec deux enfants allophones, arrivés en classe d’accueil alors qu’ils étaient âgés d’une petite dizaine d’années. « Malgré l’absence d’une langue commune, ils ont noué une amitié immédiate, qui les a stimulés à apprendre le français à une vitesse incroyable. »
Et nos interlocutrices de se remémorer, un large sourire aux lèvres, la motivation profonde de ces deux enfants qui ont saisi ensemble l’opportunité des devoirs accompagnés pour rejoindre rapidement un cursus scolaire normal. « Ils s’épanouissent actuellement tous les deux dans leur formation professionnelle. Que demander de mieux comme récompense de notre travail ? »
En complément du cursus scolaire, les devoirs accompagnés offrent un genre de courte échelle, une aide apportée au juste moment, le soutien qui permet d’éviter échec et/ou découragement. Et voilà très exactement le moteur de ses trois employées.
Photo 1: Le personnel du service des devoirs accompagnés in corpore, de gauche à droite, Myriam Houriet, responsable, Nicole Landry et Isabelle Letouzey
Photo 2: Myriam Houriet : « La fraicheur de ces enfants enrichit ma vie personnelle »